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Paul DRUMM

SORG

D’Hàndwarkerdìchter (Les artisans et poètes)

Paul Drumm (1876-1960), artisan-poète de Mulhouse

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Quand on évoque la vie et les œuvres littéraires de Paul Drumm, on ne peut manquer de le présenter en premier lieu comme un artisan menuisier-ébéniste-sculpteur sur bois, né dans le vieux Mulhouse, rue des Franciscains, autrefois Bàrfüessergàss. Une rue pavée, étroite par endroits, arquée, entre le quartier de la Grand-rue et la rue du Couvent, qui conduit vers le centre, la Place de la Réunion. On imagine encore facilement que derrière les portes cochères de certains immeubles anciens qui subsistent, il y avait non pas des garages, mais des ateliers, et que la rue était sonore le jour et animée. Elle l’est encore, à certaines heures, mais par des bandes de touristes branchés qui s’attardent sur les larges terrasses. Elle est devenue drôlement bobo, la vieille rue.

Le père de Paul Drumm et peut-être déjà son grand-père au milieu du XIXe siècle, dans un Mulhouse prospère, y possédaient un atelier d’ébénisterie qui fabriquait des buffets et des commodes pour le patriciat industriel. Le fils était appelé à leur succéder. Ce qu’il fit, après avoir fréquenté l’école primaire du quartier, où il se distingua par ses goûts littéraires et de précoces écrits poétiques. Pas question toutefois d’obliquer. Il apprit le métier dans l’atelier familial et passa son brevet de maîtrise. Il était bien installé, marié, père d’un fils, Paul Lucien né en 1902, quand la guerre le jeta sur le front oriental en Russie, de 1914 à 1918. De retour, sain et sauf et de cœur plutôt francophile, il dit en vers bien rimés son bonheur d’« être de nouveau à la maison ». Wieder d’heim.

Jetze bin i wieder d’heim

D’heim in mine liewe Müre;

Tick-Tack macht noch d’alte Ühre

Iwrm Pult wun-ich als traim.

Un d’Tapete an dr Wand,

Mit de kunterbunte Muschter,

‚S Krüzifix un ‚s Nàackernuschter

Sin so heimlig un bekannt.

Andlig  bin i wieder d’heim,

D’heim in mine liewe Müre;

Wieder schlaat die güete Ühre

Ihre Tackt züe mine Reim.

Dans les années d’après-guerre, l’artisan renâcle devant son établi. Il se rêve artiste. Il se fait marchand de meubles, cela semble plus rémunérateur que fabricant et surtout lui laisse plus de liberté, plus de loisirs pour écrire. Il ouvre même une auberge et commence à publier des histoires et des vers, en alsacien ou en allemand, dans la Mülhauser Frauen-Zeitung, hebdomadaire bilingue sous-titré Journal des Ménagères. Ce journal, « l’ami de vos loisirs », est publié depuis 1896 par l’Imprimerie Rugé, rue de la Fidélité pas loin de la cité… Il va devenir entre les deux guerres une institution typiquement mulhousienne, couvée par un patronat soucieux de moraliser par de sains divertissements les familles laborieuses. Paul Drumm y sera un prolixe éditorialiste après la seconde guerre mondiale et… la seconde libération. Mais n’anticipons pas.

Extraits, voir l’article au complet dans notre revue « D’Heimet 243 »


Date de création : 18/10/2022 18:32
Catégorie : Médiathèque - Jean Paul SORG
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