Terra Alsatia
Terra Alsatia : immersion dans notre histoire
Du 22 février au 17 mars dernier, l’église Saint-Etienne de Mulhouse a servi de cadre à « Terra Alsatia », un « spectacle vivant son et lumière immersif » consacré à l’histoire de l’Alsace, sous un angle mulhousien. Eric Ettwiller y a assisté. Voici son analyse.
A quoi ça ressemble
« Terra Alsatia », composé et mis en scène par Damien Fontaine, nous fait suivre le destin croisé de deux familles, nous explique-t-on en introduction : celles de Henri Gromer, industriel à Mulhouse, et de Léon Hirsch, vigneron dans un village fictif. Puis l’immersion commence. La nef se couvre d’échafaudages et résonne de bruits de chantier, les ouvriers s’affairent à côté des spectateurs : nous sommes transportés en 1859, l’époque de la construction de l’église Saint-Etienne. Les acteurs – qui bougent les lèvres pendant que le texte, enregistré, est diffusé par des enceintes – parlent du financement de ce projet, voulu par Henri Gromer.
Le scénario
Le vigneron Léon Hirsch est là aussi : il s’est fait embaucher comme ouvrier sur le chantier. Au milieu des cliquetis de marteaux, deux enfants, Violette et Edouard, s’amusent et se font des promesses d’amoureux. Il s’agit de la fille Gromer et du fils Hirsch. Les amoureux grandissent, veulent se marier, mais l’industriel a un meilleur parti en vue pour sa fille, un dénommé Charles Sternenbach, et convainc Edouard, pour l’éloigner, de prendre la place de ce Sternenbach au service militaire en échange d’un beau domaine viticole. Edouard accepte… et voilà que Napoléon III déclare la guerre à la Prusse.
Extraits
Beaucoup de positif
L’absence de manichéisme place « Terra Alsatia » parmi les œuvres de vulgarisation de l’histoire de l’Alsace que l’on peut recommander. La guerre de 1870 et les conséquences de la défaite française sont relatées de manière factuelle, avec une grande précision dans le vocabulaire (il est par exemple question de l’ « armée des Etats allemands coalisés » au lieu de l’armée prussienne).
En 1884, à l’hôtel de ville de Mulhouse, on fête la victoire des protestataires aux élections législatives (« nous continuerons à nous battre pour l’indépendance de l’Alsace »)… mais le maire de Mulhouse voit dans la protestation contre Berlin une position de repli
Extraits
Quelques points négatifs
On regrette qu’Arthur Sternenbach, le personnage pro-allemand du spectacle, soit passablement antipathique : ne voulant rien savoir de son père biologique, rompant avec son fils Georges, il est aussi antisémite, lorsqu’il commente l’Affaire Dreyfus en 1895. Autre regret : les manifestants de 1924 brandissent un drapeau alsacien « blasonné », alors que le Rot un Wiss était l’étendard des Alsaciens.
Eric Ettwiller, agrégé, docteur en histoire.
Extraits, voir l’article au complet dans notre revue « D’Heimet 253 » Page 13