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Frédéric-Guillaume Kreutzberger

Frédéric-Guillaume Kreutzberger ou l’aventure humaine et industrielle

d’un brillant ingénieur-mécanicien

par Jean-Marie Schelcher

Grâce au journal inédit de Sophie Schaeppi, l’artiste suisse qui a travaillé pour Théodore Deck, on apprend que le céramiste fréquentait régulièrement « M. Kreutzberger, l’administrateur de la fabrique d’armes de Puteaux, un des meilleurs amis de Mr. Théodore » (Journal, 27 avril 1890). Ce personnage, dont une rue de Guebwiller porte le nom, cache en fait un brillant ingénieur qui s’est distingué dans le domaine de la fabrication d’armes et de la mécanisation des usines.

Mécaniser la fabrication des armes

Au courant du 19ème siècle, la fabrication des armes militaires légères (fusils et pistolets) profite forcément des progrès qu’entraîne la Révolution industrielle. Entre 1850 et la guerre franco-prussienne de 1870, elle se mécanise dans la mesure où l’armée doit fait front à un double défi. Elle doit, d’une part, se doter d’un fusil moderne conforme à cette période d’intense innovation technique et, d’autre part, passer d’une production manuelle assurée par les armuriers à une production mécanisée, avec un recours systématique aux machines-outils pour rendre possible une réelle interchangeabilité des pièces. Après les guerres de la Révolution et de l’Empire, il faut viser une modernisation de l’arme afin de remplacer la platine à silex par une platine à percussion pour supprimer les ratés au départ du coup. Par ailleurs, pour obtenir un tir précis à longue portée, il convient d’adopter le canon rayé et les balles profilées à la place du canon à âme lisse tirant des balles rondes. Et finalement pour augmenter la cadence de tir, il faut privilégier le chargement par la culasse et non plus par la bouche. Extraits

Natif de Guebwiller

Né le 12 mai 1822 à Guebwiller de Jean-Hermann Kreutzberger, serrurier, et Anne-Marie Maus, Frédéric-Guillaume Kreutzberger commence son apprentissage dans l’entreprise "Schlumberger et Cie" où il apprend l’ajustage, le montage, mais également le calque et le dessin de détail des machines. Cette double formation lui est très utile plus tard. Soucieux de poursuivre sa formation et de valoriser au mieux ses compétences, il émigre aux États-Unis en septembre 1848. Il est embauché comme manœuvre chez Remington où son ascension professionnelle est fulgurante: deux mois après son arrivée, il est nommé chef d’équipe et, à partir de 1852, il occupe un poste de directeur technique. Extraits

En mission au Royaume Uni

Dès 1857, Kreutzberger prépare des plans pour le forage, l’alésage et le polissage des canons. Les machines correspondantes, construites à Paris, sont livrées fin 1858, toujours à Châtellerault. Cependant, on envisage d’étendre l’expérimentation aux ateliers de Tulle. Frédéric-Guillaume Kreutzberger poursuit, par ailleurs, sa carrière au service de l’État. Ses rapports avec les officiers de l’armée sont parfois difficiles car ceux-ci ne le considèrent pas comme un des leurs, alors qu’il est embauché à l’essai et chargé de superviser la modernisation de Châtellerault et de Tulle. C’est dans ce cadre qu’il effectue une mission d’étude en Angleterre en 1857, visite Enfield et construit de nouvelles machines, dont une à forer les canons de fusil en acier. En 1859, il devient «mécanicien» pour les Manufactures impériales d’armes, titre remplacé en 1865 par celui d’ingénieur mécanicien, avec un rôle de conseiller technique dans les quatre établissements français. Ses fonctions l’amènent à se rendre sur les sites en cas de nécessité, mais surtout à mettre au point des machines-outils spécifiques à l’armurerie comme des machines à forer les canons, à aléser, à raboter ou à fraiser. En 1874, il est l’inventeur de la première machine à affûter les fraises. Extraits

Jean-Marie Schelcher

Petit focus sur le frère et le fils de F.- G. Kreutzberger

La ville de Guebwiller possède une rue Frédéric Kreutzberger, du nom de l’ingénieur.

Par contre elle ne garde aucun souvenir de son frère, Charles, né le 14 novembre 1829 à Guebwiller, qui était un dessinateur talentueux, un portraitiste très sollicité dans les milieux parisiens et un lithographe inspiré. Il a été l’élève du peintre Eugène Laville, originaire de Saverne (1814-1869).

Un des fils de Frédéric-Guillaume, Charles Auguste Kreutzberger, est né également à Guebwiller, le 10 décembre 1856. On s’étonne que sa mère, Anne Marie Quintus, soit venue accoucher dans la cité du Florival, alors que le couple habite à Paris. Charles-Auguste réalise une brillante carrière militaire qu’il termine en tant que lieutenant-colonel chef d’Etat-major de la place du Havre. Le 29 septembre 1890, il épouse Victorine Soupir, veuve Borne, originaire de Neuilly-sur-Seine. En 1902, il devient chevalier, puis en 1915 officier de la Légion d’Honneur.

Extraits, voir l’article au complet dans notre revue « D’Heimet 253 » Pages 18 à 20


Date de création : 04/07/2024 21:13
Catégorie : Médiathèque - Jean Marie SCHELCHER
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