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Théodore Deck

Le 2 janvier 1823 naissait Théodore Deck…par Jean-Marie Schelcher

Lorsque Théodore Deck voit le jour, son premier cri se heurte aux fenêtres givrées de la chambre à coucher de ses parents. Les vitres sont irisées par le froid de canard qui sévit et la Lauch voisine est prise dans des glaces tenaces. Le fourneau de la cuisine et le poêle en faïence de la Stub crachent tout ce qu’ils peuvent de chaleur et de puissance pour réchauffer l’atmosphère à l’arrivée du nouveau-né.

Ce jour-là, le 2 janvier 1823, naît à Guebwiller Théodore Deck dans la maison familiale située à l’entrée de la rue de la Monnaie (Münzgasse). Son père, Pierre Richard (on l’appelle Richard) a épousé sa mère, Marguerite Hach, de dix-neuf ans sa cadette, en secondes noces. Le couple a sept enfants, quatre garçons, Joseph Richard, Joseph Théodore, Charles François et François Xavier, et trois filles dont Anne Marie et Marguerite survivent. La troisième décède à l’âge de dix semaines.

La famille jouit d’une certaine considération dans la petite ville industrielle, sans doute parce que Pierre Richard Deck fait partie du conseil municipal. Teinturier de son état, il dirige une teinturerie sur soie, chargée de mettre en couleur des rubans pour le compte de Jacques Christophe de Bary, un manufacturier d’origine bâloise, un des pionniers de l’industrialisation de la ville et du Florival et des promoteurs de la construction du temple réformé. Associé de la firme bâloise Jean de Bary & Bischoff, qui avait racheté en 1805 l’ancien château de la Neuenbourg (aujourd’hui siège du Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine, de l’Institut Européen des Arts Céramiques et de l’Office du Tourisme de la Région de Guebwiller), De Bary s’installe à Guebwiller l’année suivante et y crée un tissage de rubans de soie.

L’atelier de Richard Deck effectue les teintures à partir du broyage des matières colorantes d’origine animale ou végétale dont certaines viennent des pays nordiques. On dit qu’il lui arrivait d’entreprendre des voyages en Europe du nord et en particulier au Danemark.

On imagine aisément les nombreux enfants obligés de prêter main forte à leur père pour les manipulations inhérentes au travail de teinturier. "L'emploi des enfants est un impératif technique. Leur coopération est d'une nécessité absolue et la question de leur admission en général en serait une de vie ou de mort pour nos fabriques; le travail qui leur est attribué ne saurait être suppléé par des hommes faits" (Chambre de Commerce de Mulhouse, 6 décembre 1837). Le travail des enfants apparaît à l’époque comme un phénomène naturel. D’une manière générale, en Alsace, la durée de travail effectif était de treize heures à treize heures trente, ce qui représente une présence à l’usine d’environ quinze heures si l’on compte la pause méridienne. Dans les filatures mulhousiennes, la société industrielle de Mulhouse estime, en 1835, que le travail des enfants atteint dix-sept heures dans les filatures. Il est peu probable qu’il en soit autrement pour les enfants Deck dans l’atelier de leur père pendant leur temps libre. Cependant, contrairement à beaucoup d’autres, les époux Deck envoient leurs enfants à l’école pour qu’ils s’instruisent. Toutefois, le projet de Pierre Richard Deck est de faire entrer ses garçons dans sa teinturerie, de les utiliser pour lui prêter main forte en cas de nécessité et in fine de leur apprendre le métier. Il fallait bien se donner les moyens de pérenniser la petite entreprise.

Deck fréquente l’école primaire de Guebwiller jusqu’à treize ans, l’âge de son inscription au petit séminaire de Rougemont-le-Château. Il y séjourne pendant trois ans, retenant l’attention de ses professeurs pour le goût prononcé qu’il manifeste pour la physique et la chimie. C’est là qu’à côté d’une aisance plus grande dans l’usage de la langue française, il acquiert les rudiments théoriques de la chimie. Et chaque fois qu’il rentre chez lui, il est fourré à la teinturerie où il voit son père à l’œuvre et, naturellement, cette proximité avec les secrets de la teinturerie l’exalte au plus haut point, comme le montre plus tard sa fascination pour les couleurs. Il répond volontiers aux injonctions paternelles lorsqu’il faut tirer de l’eau pour les colorants dans le canal qui passe tout près. À ses moments perdus, il se livre à mille expériences sur les matières colorantes présentes dans l’atelier et sur leurs mélanges. Selon F. Zeller (in : Journal l’Alsace, édition du 8 novembre 1952), "il s’affairait durant les congés scolaires à de savantes expérimentations sur les couleurs dans l’atelier de son père."

On pense bien que le projet de Richard Deck est d’apprendre son métier à ses garçons et de les employer dans l’entreprise. Il faut bien se donner quelques garanties pour pérenniser la petite usine. Si Théodore et ses frères apprennent à manipuler la racine de garance, des bois durs comme le campêche, le pernambouc, le bois jaune, le quercitron et la cochenille, autant de mots aux résonnances exotiques, ils sont aussi exposés au carbonate de potassium, aux sels d'aluminium, de fer et d'étain ainsi qu’aux oxydes et sulfures d’arsenic, aux oxydes de plomb et de fer.

Extraits, voir suite dans Heimet 247 mars 2023

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Horaires d’ouverture : Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 18h (fermé le lundi et le mardi). Les matinées du mercredi, jeudi et vendredi sont réservées à l’accueil des groupes et des scolaires sur réservation.

Tarifs : 5 € tarif plein, 3 € pour les groupes à partir de 10 personnes.

Tarif réduit : 1,50 € (étudiants de plus de 25 ans, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap), gratuit

Gratuité pour les groupes de scolaires, les personnes de moins de 25 ans, Museum-Pass-Musées, Pass Education, Hoppla’Pass, carte Culture, carte ICOM, et les membres de l’Association Théodore Deck)

Le musée est ouvert en accès libre et gratuit le premier dimanche de chaque mois.


Date de création : 27/03/2023 23:10
Catégorie : Médiathèque - Jean Marie SCHELCHER
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