Et si la marche s’accélérait ?
Et si la marche s’accélérait ?
Ronan Le Coadic, sociologue et professeur au département de breton de l’université de Rennes 2, a publié l’an dernier, aux éditions Yoran Embanner, un ouvrage au titre marquant : « MACRON, NATIONALISTE BANAL ? ». Relevons d’emblée que le problème du nationalisme n’est pas remis en question. Il s’agit simplement de démontrer une banalité …ou non. L’auteur affirme clairement que le nationalisme est essentiellement un principe politique de postulat et non une démonstration. Partant de là, la notion-même de nationalisme échappe à l’idée démocratique, tout particulièrement au sein d’une république intégrant un conglomérat de « pays » et de cultures, donc de peuples différents. Nul n’ignore l’histoire créée au fil d’annexions, de possessions et de soumissions pour voir émerger une nation dite « indivisible » au lendemain d’un nouveau régime.
Si la Bretagne et le Pays Basque ont été soumis à l’autorité du roi de France dès le XVI° siècle, il n’en est pas de même de certaines « provinces » : la Corse, la Savoie, l’Alsace par exemple ; cette dernière ayant été monnaie d’échange ou d’abandon en fonction d’une souplesse de l’indivision qui mérite une attention tout particulière. Mais soit, le voile assimilateur sur de nombreuses pages d’histoire n’en est pas à cela près. La parole est libre et quand bien même la plume est serve, les contradictions alimentent un roman national qui ne peut se passer de l’autorité nationaliste pour couvrir de cocardes les yeux malins qui n’auraient pas le regard assez admiratif, voire tentés de lèse-autorité centralisée.
Ronan Le Coadic relève d’emblée une citation de Raoul Girardet, historien (1917-2013) que le nationalisme d’un peuple assujetti n’est pas le même que celui d’un peuple soumis. On comprend mieux l’importance du ciment d’indivisibilité qui doit faire lien, ou contrainte. Romain Gary – écrivain français (1914-1980) - va plus loin en affirmant que « le nationalisme, c’est la haine des autres », en opposition à la notion de patriotisme. Le même Raoul Girardet précise que « le nationalisme supporte mal la diversité, la pluralité des opinions, des fidélités ou des appartenances ». De plus, Annick Percheron (sociologue) et Katharine Throssel (doctorante) constatent, que, inculqué aux enfants scolarisés très jeunes, le nationalisme français agit chez les adultes d’une façon complètement inconsciente. La tendance semble s’accélérer. Que reste-t-il de nos diversités séculaires ?
Rémy Morgenthaler
Extraits, voir l’article au complet dans notre revue « D’Heimet 251 » Pages 4 et 5