Georges de Peyrebrune
Lorsque Théodore Deck croise l’écrivaine
féministe et républicaine Georges de Peyrebrune…
L’histoire de Georges de Peyrebrune (1841-1917) nous intéresse à plusieurs points de vue. Elle est d’abord romancière et auteure de romans populaires à travers lesquels elle privilégie la femme et sa condition. Ardente libre-penseuse, pionnière convaincue du féminisme et intellectuelle engagée, elle est couronnée deux fois par l’Académie française et fait partie du jury du premier prix Femina… Georges de Peyrebrune possède également "le don de la couleur" : elle peint et excelle dans la maîtrise des nuances, du clair-obscur et de la perspective. Et puis, elle croise la route de Théodore Deck à l’occasion d’une conférence qu’elle donne, en 1877, à la Bibliothèque des Amis de l’Instruction du XVème arrondissement de Paris (BAI-XV) qu’il a contribué à fonder et qu’il préside.
Les Bibliothèques des Amis de l’Instruction (BAI)
À la fin des années 1820 et dans les années 1830-1840, on commence à comprendre que la pauvreté est un phénomène économique et social, massif et constant, en rapport avec la nouvelle civilisation industrielle et urbaine. C’est au cours de cette période que la nécessité de fonder des bibliothèques populaires et de diffuser des "bons livres" est soulevée par plusieurs contemporains.
La question de l’éducation et de l’instruction du peuple est au cœur des préoccupations des philanthropes dans la première moitié du XIXème siècle. Elle occupe également une place centrale chez les réformateurs sociaux. Sous la Restauration, la Société pour l’instruction élémentaire, fondée en juin 1815, cherche à promouvoir l’enseignement primaire des enfants pauvres et l’éducation des adultes en encourageant l’établissement des écoles élémentaires et en diffusant l’enseignement mutuel. L’éducation des pauvres doit permettre leur intégration sociale et leur moralisation. D’emblée s’impose la nécessité de prolonger après l’école la pratique de la lecture afin d’en maintenir les acquis et de bien orienter les lectures du peuple, de choisir ce qui est "bon pour lui".
En 1845, le philanthrope Benjamin Delessert (1773-1847), alors président et principal fondateur de la première Caisse d’épargne française, celle de Paris, publie un ouvrage sur " Les fondations qu’il serait utile de faire ". Son frère, François-Marie Delessert (1780-1868) lui succède et propose le 11 décembre 1836 aux administrateurs de la 3ème succursale de la Caisse d’épargne de Paris et à la mairie du VIème arrondissement, de créer une bibliothèque populaire. Il établit ainsi un lien étroit entre l’épargne populaire et la lecture populaire. Se pose la question de la misère des classes et des moyens d’y remédier.
Jean-Marie Schelcher
Extraits, voir l’article au complet dans notre revue « D’Heimet 251 » Page 18 à 21